Visuel
à l'affiche
spectacles
Espace pro
pédagogie
votre avis
projet bus
presse
vidéos
contact
audio
les copains d'abord
l'équipe
{ Accueil }    { Actu }    { Calendrier spectacles }    { Citations }    { Découvertes }    { In English }

Citations

Ci-dessous, la mémoire des citations du jour ...
Et les archives de la rubrique "Intervalle" et des éditos du jour 2006/2008.

Citations du jour

15 mars
"Toujours proche de l’épuisement. Et l’épuisement, c’est la vie. Car la vie est une forme de dépense de soi."
Maylis de Kerangal

11 mars
"On se sent vite coupable, on est vite perdu quand on croit n’être qu’une seule personne."
John Trudell

9 mars
"Dix ans - et surtout ces dix ans-là : les meilleurs, les plus doux, le dessus du panier - c’est la mer à boire et tous les poissons qu’elle contient et l’écume d’en haut et la boue qui est au fond et le sel et l’amertume."
Henri Calet

27 février
"Quant au regard, sans lequel on ne peut travailler sur la peinture, je ne l’avais pas quand j’étais jeune(...). J’ai développé le regard, c’est sûr, je lis en me baladant, je lis les façades, les gens... Quand j’y réfléchis aujourd’hui, je crois que le regard constitue surtout pour moi une façon de m’accrocher au monde extérieur, pour rompre cette vision de l’intérieur, des sensations intérieures, en mettant des mots à la place de tout ce que je peux voir. Ce qu’on appelle la réalité n’existe pour moi qu’à ce prix."
Paul Nizon

25 février 2016
"La violence : une force faible."
Vladimir Jankélévitch

24 février 2016
"Il n’existe de modèle pour rien, et chaque être vous aime comme il sait et comme il peut."
José Cabanis

22 février 2016
"Que ne suis-je un jeune noceur occidental, déplorait dans son infinie compréhension des choses de ce monde un vieux sage oriental."
Eric Chevillard

18 février 2016
"Les orages viennent très vite dans la région. Ma grand-mère savait les prévoir. Depuis qu’elle est morte, ils tombent à l’improviste."
Virginie Lou

17 février 2016
(A propos de la photographie) "C’est en cela qu’elle est écriture : s’y écrit non pas ce qu’on voit, mais ce que voir fait émerger de l’invisibilité du réel."
François Bon

14 février 2016
"Le mot juste, c’est comme une allumette, c’est pas grand-chose, mais quand on en a besoin..."
Félix Leclerc

8 janvier 2016
"On le sait, la soupe fait grandir, mais avant d’en administrer à nos enfants, il serait important d’avoir bien à l’esprit qu’il n’existe pas d’antidote."
Eric Chevillard

7 janvier 2016
"Le français est tout de même bizarre !
Prenons un exemple : féminin - eh bien, féminin, c’est masculin, alors que masculinité, c’est féminin.
Le genre féminin est masculin, tandis que la gent masculine est féminine.
Le féminisme est masculin aussi."
Pierre Etaix

6 janvier 2016
"L’homme est un marin écoeuré qui veut entrer dans la marine."
Alexandre Vialatte

5 janvier 2016
"Je dois supporter quelques chenilles si je veux connaître les papillons."
Jorge Bucay

4 janvier 2016
"Lave ton coeur sale dans les cris qui pétillent."
Thomas Vineau

3 janvier 2016
"Même l’insecte dévoré par la flamme, la métaphore égarée, aussi bien que nos passions et nos souffrances, auront témoigné d’un prodigieux commencement qui doit se retrouver."
André Dhôtel

2 janvier 2016
"Le seul courant d’air tolérable vient d’une porte ouverte sur l’avenir."
Auguste Piépol

1 janvier 2016
"Je ne voyage pas pour arriver, je voyage pour aller."
Eduardo Galeano

« Intervalle »
Ce lundi 30 juin était un entre-deux. Entre deux villes (Paris et Toulouse), entre deux spectacles … Jour « vide », et qui à ce titre appelait le plein (de tout et de rien, de riens surtout). Jour de jeu entre les jours, propre au surgissement de l’inattendu, de la sensation … Corps plaque photographique prêt à être impressionné par une lumière fugace – corps négatif dont le positif serait le développement sur l’écran des mots. Matin qui part à l’aventure du jour, avec comme itinéraire de chasse au trésor ordinaire le triangle Aubervilliers-Auteuil-Montparnasse. Je suis prêt à faire mon petit Calet.
Départ de la Villa Mais D’Ici où à 10h tout le monde dort encore, après la soirée de la veille. La rue Sadi Carnot a des allures de campagne, qui se dissipent dans la rue des Cités en blocs d’immeubles maussades. Et pourtant, jusque dans cette « cité » subsiste un air plus campagnard, plus villageois que le rythme parisien que je retrouverai bientôt. Les gens se parlent, ne se pressent pas … Un grand black accompagné de sa femme et du père d’icelle s’apprête à tailler à la tronçonneuse un buisson miniature, triangle de nature engrillagé donnant sur rue. « Attention à pas couper le grillage, hein ! » fait le père.
Changement radical de décor en rejoignant le canal vers la porte d’Aubervilliers. Me voici dans la ZAC. Toute une humanité s’affaire là dans une succession d’entrepôts. Livreurs, premiers clients, chaos de voitures, de camions, de fumées, de bruits le long de l’Avenue Victor Hugo (quelle description titanesque en aurait-il donné ?). Un jeune chinois décharge des cartons aussi gros que lui. Sur chacun des cartons un seul mot : MYSTÈRE. Plus loin, un poste de télé éventré étale ses entrailles au soleil. L’ANPE, entre PARITEX, Linge de Maison et MARYLIN Mode.
Passée la Porte d’Aubervilliers, une longue file humaine aboutit à un préfabriqué endrapouillé de bleu blanc rouge. Quelque fonctionnaire assis là délivre sans doute des autorisations de vie dans notre beau pays. Dans la file, presque que des hommes, tous originaires d’Afrique … Eux non plus n’ont pas l’air pressés (depuis combien de temps les attendent-ils, ces petits papiers de bon droit ?). Certains s’asseyent sur les bords du trottoir au risque de se faire écrabouiller les orteils par les autos qui filent. Flotte comme un air de vacance. En presque bout de file, une femme, chinoise, seule, dans un autre monde. Elle a une poussette.
Enjambées les voies SNCF, passée la rue de l’Évangile, pause café et lecture (Le Bonheur des petits poissons de Simon Leys) dans un petit bar de la rue Doudeauville, en face d’un antique troquet (fermé hélas), « La Ville de Macon ».
Le métro me mène en 3/4h dans le 16ème arrondissement de Paris, déplacement qui pour le dépaysement vaut bien certains transferts en avion qui en une heure à peine nous transportent tant dans l’espace que dans le temps. Les frontières du 16ème sont pour mes parents le bord suprême du monde. S’ils osaient s’aventurer plus loin, ce serait la chute dans le terrifiant inconnu (mes parents ne connaissent désormais du monde que ce que veut bien leur en dire telle chaîne de télé bétonneuse d’esprits). Repas dans un restaurant espagnol à des prix peu proportionnés à ce que l’on voit arriver dans son assiette, mais dans de tels quartiers, c’est le prix qui fait le standing.
La balade se poursuit à travers les 16ème, 15ème, 7ème et 14ème arrondissements. Après les rues ombragées et bordées de belles demeures du 16ème, le 15ème de l’autre côté de la Seine aligne la neutralité de buildings que ne rachète pas même la présence humaine entrevue le matin du côté d’Aubervilliers. Plus de policiers que de passants dans ces quartiers de finance, d’ambassades …
Nouvelle pause en terrasse de café-restaurant, classe et ensoleillé, avenue de Suffren. Une théorie de serveuses jeunettes, haut-jupées, et faussement candides, s’affaire autour de moi. Elles sont toutes impeccablement blanches. Une descente aux toilettes et une porte qui s’ouvre vers les cuisines, me laisse entr’apercevoir l’envers du décor : dans ce qui ressemble à une cale de navire enfumée s’agite en tous sens une humanité en tout point semblables à celle qui faisait le matin même la queue vers l’eldorado patriotique du droit de vivre en paix, et de se faire exploiter en règle.
L’intervalle est clos.
Philippe Sizaire
Toulouse, le 2 juillet 2008

Pour lire les éditos 2006-2008